Hortus Vulnerabilis est une série de peintures et de dessins ayant pour but de rendre hommage aux espèces végétales en danger ou éteintes. À travers l’art, l’art, Carine Bovey aimerait sensibiliser le public à la problématique de la protection des végétaux en voie de disparition et de l’homogénéisation de la flore.
Au fil des esquisses, l’artiste s’est constitué un herbier entièrement réalisé avec des ombres à paupières, une de ses techniques de prédilection. Le détournement de ces matières contenant des pigments non toxiques et des métaux précieux devient un geste écologique. En effet, l’artiste utilise des cosmétiques qui lui ont été envoyés alors qu’elle travaillait dans la presse écrite et qui auraient fini à la poubelle à cause de leur date de péremption.
De cet herbier est née une série de peinture à l’huile agrémentée de fards pailletés. Dans ces paysages oniriques et apaisant, des végétations disparues ou menacées forment un jardin aux tons délicats. Inspiré par le Jardins des Délices de Jérôme Bosch ou encore les paradis de Brueghel, ces compositions englobent des espèces de latitudes diverses. Elles se côtoient dans une utopie botanique évoquant un paradis faisant écho à l’idée que l’on se fait de ce dernier, qu’il s’agisse de la nature alpine avec Paradisus où d’une vision plus mythologique avec Smaragdheim.
Qui dit paradis, dit aussi vie terrestre. Dans Deforestation, l’artiste critique la perte de biodiversité causée par l’agriculture. En effet, trop de forêts – poumons de notre planète – sont rasées pour les cultures de denrées qui ne devraient pas se trouver là, notamment pour cultiver du fourrage destiné à l’élevage bovin. Aussi, de nombreux engrais détériorent la qualité des sols. De manière ironique, l’artiste a tendu une toile de coton bio sur un véritable cageot à fruits, sur lequel elle a peint un paysage de désolation.
Au centre de la composition, un organe translucide sort de terre, à la manière d’un arbre fruitier. En s’élevant seul face à ce paysage meurtri, il semble autant manifester la souffrance de la Terre qu’exprimer une forme de résistance, soulignant le lien physique unissant l’homme à l’environnement. Ne récolte-t-on pas ce que l’on sème ?